UN DIEU QUI PLEURE...
Je suis assis sur mon rocher depuis si longtemps déjà à vous observer de loin maintenant. Et après des siècles à vous voir vous agiter en tous sens, à vous aimer et à vous haïr mutuellement, à vivre et à mourir, à vous laisser aller à vos pires instincts ou vous voir créer des œuvres dignes des immortels, à vous voir lutter sans cesse pour continuer à vous répandre sur la surface de cette terre, j'ai encore à apprendre sur vous.
Pourtant, je vous ai créé... Il est vrai que je ne l'ai pas fait seul. J'ai voulu et encourager cette surprenante création de Prométhéos. J'assume donc ce que vous êtes, mes enfants terribles. Un peu à notre image, nous qui sommes au-delà de votre regard. Malgré tout un peu unique car tellement différent de nous aussi. Votre condition de mortels n'est que notre volonté de ne pas prendre de risque. Le risque que vous vouliez nous remplacer un jour. Ou nous pourchasser pour nous détruire.
Les enfants rentrent souvent en révolte contre leurs parents. Il en est ainsi de nous tous. C'est une histoire vieille comme le monde, comme la vie. Je suis moi-même le fruit d'une révolte contre mon père, le divin Kronos. Je l'ai alors tué. J'ai tué mon père avec l'aide de mes frères et de mes sœurs. Avec l'aide d'alliés contre ceux de mon père. J'ai terrassé les Titans, et j'en ai réduit certains en un éternel esclavage, tel Atlas qui supporte maintenant la voûte céleste jusqu’à la fin des temps. Je n'ai eu aucune pitié pour eux afin d'éviter toute rébellion. Je sais donc ce que c’est. Je connais bien cette potentielle rébellion contre l’ordre établi. Et je ne veux pas, je ne veux plus de révoltes. Je ne veux plus jamais voir le sang des miens répandu, ou souillant les mains d'un géant. Jamais plus cette honte qui ronge en fin de compte au fil des siècles mon esprit de parricide. Jamais plus cette douleur qui développe chez moi une paranoïa envers mes propres enfants. Athénaé m’est devenue suspecte.
Depuis ce temps, malgré le nombre de ma famille, malgré la foule des êtres qui plient l'échine devant moi, sous mon regard. Malgré les adorateurs nombreux, je suis seul sur mon rocher accroché à cette montagne que vous avez faite sacrée pour vous, et qui n’est que notre demeure divine.
Être un dieu, et le roi des dieux, c'est occuper un trône tellement solitaire. J'ai le pouvoir. Le pouvoir immense de faire ou défaire des vies, des paysages, et le temps. Ce pouvoir, les autres en ont peur. Et pourtant, je n'ai pas le pouvoir de décider d'asservir. Ce sont les dieux qui se livrent librement encore à moi. C'est vous qui vous livrez pieds et poings liés en toute volonté à moi. Vous seuls créez vos chaînes. Pourtant, j'ai émaillé vos histoires et vos mythes de mises en garde pour que vous vous libériez de vous-mêmes. Que vous cessiez de donner ce pouvoir à d'autres. Que vous refusiez de donner vie et corps à vos bourreaux. Moi, Zeus Olympien, Zeus Upatos, celui qui souffle la Tempête et déchaîne la Foudre, Maître du Temps et des Nuées, Maître